Sur nos vélos rouges, on se lance à la découverte de la campagne environnante au sud de la ville. Sortir de Yangshuo c’est déjà une aventure. Les vélos sont doublés par d’autres vélos, doublés par des scooters, doublés par des taxis, doublés par des camions, doublés par des bus. Paradoxalement, être cycliste dans ce brouhaha urbain n’est pas tellement stressant (en tout cas beaucoup moins qu’une visite de Paris en Vélib’), tout le monde roule plus ou moins au pas, faisant plus ou moins attention (on espère !) aux autres à grand coup de klaxon. Quand bien même, le premier objectif c’est de sortir de ce merdier à tout prix ! A la première intersection débouchant sur une route plus calme, on bifurque. On peut désormais se laisser porter. Piscines de lotus, forêts de bambous et rizières se dessinent dans notre panorama.
Sur la route une dame chinoise âgée fait des couronnes de feuilles qu’elle se met sur la tête en se marrant tout seule. En nous voyant arriver, elle rit de pus belle. Pour la prendre en photo avec son galurin de verdure, on lui donne quelques yuans. Dans notre sillage, on l’entend encore se marrer.
Ça fait un petit moment qu’on roule alors on s’arrête quand même pour demander notre chemin. Sur la carte, on nous situe l’endroit où l’on se trouve… à l’opposé de celui où on voulait aller ! Bref, mieux vaut pas prévoir d’itinéraire. Tant pis, on reprend notre chemin. Les petits villages se succèdent.
Sur le bord de la route, un hôtel-restaurant est référencé sur la carte ce qui nous permet primo de savoir où on est, et deuxio, de faire un point itinéraire en buvant un coup.
En fait, on est pas très loin de la Yulong River, un petit affluent de la grande rivière Li. Plutôt que de pédaler dans l’autre sens, on choisi de faire le trajet vers Yangshuo par la rivière en “bamboo boat”. Que faire de nos vélos ? A priori, on peut les embarquer…
Sur la rive, pas la peine de chercher : on se fait accoster tout de suite par une chinoise. C’est les femmes mènent la danse dans ce pays ! Après quelques minutes de négociation, on tope-là. Pour les vélos, on comprend qu’ils vont nous suivre par la route. L. est mis à contribution pour les mettre dans un petit piaggo vert.
On attend quelques minutes avant que l’on nous fasse signe de monter à bord. Notre batelier est assez bourru mais ça ne gâche pas le charme de la descente. Contrairement à la rivière Li, la circulation ne s’effectue pas par bateaux à moteur mais repose entièrement sur des radeaux de bambou pour transporter les passagers en aval. Du coup, c’est devenu une activité touristique populaire et bon enfant. Les seuils de la rivière font l’objet de rapide façon Walibi avec photos à l’arrivée et les chinois s’amusent à s’asperger avec des pistolets à eau. On comprend mieux pourquoi on nous en proposait à tour de bras sur la rive.
Au bout d’un moment on se laisse porter par la rivière et les biceps de notre batelier… lorsque l’on croise d’autres radeaux, les passagers nous lancent des “Hello ! Hello !” auxquels on répond avec le même sourire.
Deux heures qu’on navigue… notre commandant de bord fait une pause à l’un des bars flottant aménagé au bord de la la rivière. On sent que c’est un passage obligé plusieurs bamboo boat s’y arrêtent aussi, on retrouve quelques passagers croisés sur l’eau. Tant qu’on nous fait pas un remake de la station service… On offre une bière à notre batelier, puis avant de repartir L. partage une cigarette avec lui, avant d’être rejoint par K. Tous les trois, face à la rivière, on forme un alignement silencieux mais amical. Un joli moment.
De nouveau sur notre radeau, le dernier seuil de la rivière se révèle plus compliqué que les autres…on reste coincés au milieu. Le voilà le spectre de la panne de bus !
L. descend pour aider le batelier à pousser et manque de se foutre plusieurs fois à la flotte, K. tente de faire du poids à l’avant. Notre salut viendra d’un autre bamboo boat. A trois, ils arrivent à remettre notre radeau à flots.